Une donne piégeuse

Comment ne pas  ressentir un frisson de chelem en Nord lorsque Sud, après le « passe » d’Est,  ouvre  d’un 2C faible ?

Et pourtant !

La main de Nord

Plutôt que de céder à la tentation et déclarer spontanément 6C, passons en revue les règles régissant une ouverture en 2 majeur faible.

L’ouvreur doit posséder entre 6 et 10 points H et deux gros honneurs dans la couleur, à défaut, D V 10 ou A V 10 ou R V 10 et un As maximum, sans 4 cartes dans l’autre majeure ni 5 cartes en mineure.

Sud étant un partenaire fiable (c’est toujours le cas d’un partenaire), renseignons-nous sur sa main. Pour cela, une seule enchère, 2SA (forcing) sur laquelle sa réponse nous éclairera sur, outre la hauteur de son ouverture, la présence éventuelle d’une force annexe. 

  • Avec moins de 7 H, il répétera sa couleur au niveau de 3.
  • Avec de 8 à 10 H, il montrera la présence d’un gros honneur (As ou Roi) annexe en nommant la couleur de cet honneur au niveau de 3.
  • Avec un singleton ou une chicane, il nommera la couleur de cette courte au niveau de 4.

Dans le cas qui nous préoccupe, s’il répond 

  • 3C, aucun espoir de chelem. Il faudra se résoudre à se limiter à la manche.
  • 4T, 4K ou 4P, le petit chelem sera envisageable, puisque, outre ses 8 à 10 H et son singleton ou sa chicane, il possédera vraisemblablement une Dame de Carreau, Trèfle ou Pique.
  • 3K ou 3P (8 à 10 H et Roi de K ou P), un espoir de grand chelem sera raisonnable, grâce à la capture d’une Dame manquante.

La main de Sud

Avec cette main de 6H, Sud doit rebider à 3C et ne jouer que les 4C auxquels Nord se limitera.

Le diagramme complet

Toujours deux perdantes incontournables. 4C + 1 rapportera un bon pourcentage.